Travailler dans la paie? Jamais!

Image sponsorisée par une professionnelle en paie qui aime son travail.

Je suis encore, parfois, assez étonnée d’en être arrivée là, d'être devenue une professionnelle de la paie, d'accompagner des étudiants en paie dans la réussite de leurs études, et des entreprises dans leur gestion.

Je suis ravie, je fais des choses que j'aime, mais honnêtement : je partais de loin. De très loin. Et si on m'avait dit il y a 15 ans que je travaillerais dans la paie, j'aurais sans doute été...dépitée. Déprimée, même, j'imagine.

Oui, comme ces étudiants en RH, qui sont motivés et plein d'espoir, et qui ont hâte de travailler. J'aime beaucoup dialoguer avec ces professionnels de demain, mais un phénomène étrange arrive lorsque je me présente à eux, en partie lorsque je prononce innocemment ces mots :

Je suis spécialiste en paie.

Malheur! Les visages, auparavant souriants et plein d'entrain, se crispent, les regards se perdent, puis les yeux se tournent, presque imperceptiblement (mais je suis fine observatrice) vers l'issue de secours la plus proche, une vague lueur de panique y brillant.

J'exagère un peu, mais il n'est pas rare qu'un étudiant en RH me déclare être ouvert à toute opportunité professionnelle, sauf en paie.

Cela me fait toujours sourire, et me rappelle pourquoi je me suis moi-même réorientée dans ce domaine, et surtout, pourquoi j'y suis restée.

Je ne parlerai pas du contact avec les salariés et clients, que je recherchais, ayant une formation initiale en partie axée "social". Ni de la quantité colossale d'informations apprises en formation de paie, puis approfondies sur le terrain, et qui concernent absolument toutes les branches des ressources humaines.

J'évoquerai encore moins ma formation constante en droit social, liée aux évolutions légales, et absolument primordiale en paie. Ni mes talents d'enquêtrice, comme j'aime dire en plaisantant, qui, pour m'assurer d'envoyer des paies justes, se sont révélés et aiguisés au fil des années.

L'honneur d'accompagner des salariés dans les événements de leur vie. La joie de débloquer un dossier client, bloqué depuis presque un an, et recevoir ses compliments et sa reconnaissance comme une énorme bouffée d'oxygène.

Ne rien connaitre d'un logiciel, et finir par l'apprivoiser, puis transmettre ses connaissances à d'autres personnes, avec nostalgie...

Non, je ne parlerai de rien de tout cela. Ce dont j'ai envie de parler, c'est de toutes les galères liées à la profession. Le travail avec les chiffres qui peut donner mal au crâne, les embrouilles avec les salariés ou clients, les problèmes techniques liés au logiciel, le manque de temps. Cette question qui sonne parfois, encore et encore, dans la tête :

Mais est-ce que, ce mois-ci, je vais y arriver?

Et réaliser que oui. Se rendre compte, mois après mois, années après années, que malgré tout, le challenge a été relevé. Ce que je garde en tête, c'est cette force et cette volonté qui font que l'échec n'est pas envisageable.

Nous parlons de la rémunération de salariés, de leur gagne-pain, de ce dont ils ont littéralement besoin pour vivre, mais aussi réaliser leurs désirs, leurs aspirations, voire leurs rêves. Je garde en tête les moments où j'ai cru être submergée, ne pas y arriver, ne pas finir de calculer les rémunérations à temps, et ou je l'ai fait quand même.

Gérer les rémunérations, ce n'est pas appuyer sur un bouton et attendre que le logiciel travaille. C'est surtout savoir conseiller, communiquer, analyser, anticiper énormément. Et apprendre, constamment. Apprendre sur soi-même, autant que sur son environnement. C'est voir au delà des chiffres, au delà d'un instant T, et analyser les conséquences d'un simple détail.

Et ce n'est pas facile. Oh, non. Et je ne peux que comprendre que ce secteur n'intéresse pas tout le monde.

Mais, sincèrement, il m'est impossible de regretter d'avoir emprunté ce chemin.

Et vous?